Ils avaient un quotidien bien réglé : un appartement de 55 m² dans le quartier Saint-Cyprien, deux CDI, un chat, et une voiture garée en double file. Mais en 2023, Pauline et Jérémy, 34 et 37 ans, ont tout quitté pour vivre à plein temps dans un van. Un choix que beaucoup considèrent extrême… eux, parlent simplement de cohérence.
Aujourd’hui, ils sillonnent la France au gré des saisons, travaillent en freelance et disent n’avoir jamais été aussi sereins. Leur mode de vie soulève des questions – et fascine de plus en plus de jeunes actifs.
De la routine toulousaine à la route sans retour
C’est lors du deuxième confinement que l’idée s’est imposée. Fatigués de télétravailler dans un deux-pièces sans balcon, et de voir leurs économies fondre dans un loyer toujours plus élevé, ils ont commencé à regarder des vidéos de vanlife… « juste pour rêver ».
« On pensait que c’était réservé aux influenceurs ou aux baroudeurs sans enfants. Puis on a commencé à faire nos calculs. Et à se dire que peut-être, nous aussi, on pouvait sauter le pas »,
explique Pauline, ancienne graphiste dans une agence de communication.
En six mois, ils ont vendu la moitié de leurs affaires, quitté leur emploi salarié et acheté un utilitaire d’occasion pour 14 000 euros. Trois mois de travaux plus tard, le van était prêt à devenir leur maison mobile.
Un choix de vie, pas une fugue
Ce que ce couple cherche à transmettre, ce n’est pas une image romantique de la vanlife. Mais plutôt un mode de vie alternatif, plus léger, plus aligné avec leurs valeurs.
Depuis qu’ils vivent sur la route, ils consomment moins, mangent mieux, gaspillent très peu et choisissent leurs missions professionnelles. Pauline est maintenant illustratrice indépendante, Jérémy fait de la maintenance informatique à distance.
Leur van est équipé de panneaux solaires, d’un petit frigo, d’un réservoir d’eau de 100 litres et d’un chauffage au gaz. Ils passent rarement plus de 4 jours au même endroit. Leur quotidien alterne entre télétravail le matin et balades, rencontres ou pauses lecture l’après-midi.
Pourquoi de plus en plus de Français s’y intéressent
- Éviter les loyers qui explosent dans les grandes villes
- Réduire drastiquement ses dépenses fixes (énergie, assurance, impôts)
- Vivre plus proche de la nature, sans s’éloigner du monde numérique
- Travailler à distance sans s’enfermer entre quatre murs
- Se sentir plus libre dans ses choix de vie et de rythme
- Profiter d’un mode de vie minimaliste, en rupture avec la surconsommation
- Réduire son empreinte carbone globale, en vivant plus petit et plus local
Ce style de vie attire désormais des trentenaires diplômés, lassés des injonctions à « réussir » dans une ville chère, et des couples qui refusent l’option pavillon-voiture-crédit sur 25 ans. Selon les chiffres du ministère de l’Intérieur, le nombre d’immatriculations de véhicules aménagés a doublé en 4 ans.
Des contraintes, mais une paix retrouvée
Tout n’est pas parfait : l’hiver est rude, la promiscuité peut peser, et la recherche de lieux pour se poser demande parfois patience. Mais le couple affirme avoir retrouvé un équilibre qu’aucun appartement ne leur avait jamais offert.
Ils se lèvent avec la lumière du jour, mangent dehors dès que possible, croisent des gens de tous horizons. « On a appris à ne plus chercher le confort, mais l’essentiel. Une nuit calme. Une belle vue. Un repas chaud. Et du temps. Beaucoup de temps », confie Jérémy.
Ils reviennent parfois à Toulouse, pour voir des amis ou rendre visite à leurs familles. Mais dès les premières embouteillages, une idée revient : ce n’est plus là qu’ils veulent vivre.
Et si leur van tombe en panne demain ? « On avisera. Mais pour l’instant, on continue. Et on ne regrette rien. »