Le 3 mars 2020, la Réserve fédérale américaine (Fed) effectuait sa première détente monétaire de l’année, réduisant ainsi son taux d’intérêt directeur [i] à 1,25% (borne supérieure [ii]). Celle-ci intervient après trois ajustements de son taux en 2019, passant de 2,50% en janvier à 1,75% en décembre. Dans son communiqué d’octobre 2019, la Fed ne promettait plus d’agir pour soutenir l’économie américaine, contrairement aux communiqués précédents. Ainsi, son président, Jérome Powell, déclarait que la politique monétaire était à un bon niveau. Rien n’indiquait donc de nouvelles baisses du taux directeur à court terme.
La nouvelle détente monétaire de mars 2020 apparaît comme une réponse à l’épidémie de coronavirus. Celle-ci a brutalement ralenti l’activité économique en Chine et pourrait comporter des risques pour les économies de ses partenaires commerciaux ainsi que d’autres pays infectés. Le recours à la baisse du taux directeur de la Fed, l’un de ses principaux outils de politique monétaire, traduit alors la crainte d’une dégradation de la situation économique américaine.
Janvier 2019 marquait la dernière relève du taux de la banque centrale américaine. La croissance était jugée plus solide, le chômage en recul et la consommation des ménages en reprise. L’incertitude contractée par les différents acteurs économiques suite à cette pandémie devra donc être levée pour envisager une hausse du taux. La politique monétaire de la Fed sera ainsi attentive à l’évolution de la situation sanitaire américaine et internationale.
Simon Cardoen
[i] taux directeur : fixé par la banque centrale. Il permet à la banque centrale d’agir sur le coût de la liquidité des banques commerciales qui sont, elles-mêmes, amenées à le répercuter sur le taux d’intérêt qu’elles proposent à leurs clients. Cette transmission de la politique monétaire suppose le bon fonctionnement du canal bancaire.
[ii] borne supérieure : la Fed fixe une cible de taux d’intérêt dans une fourchette avec une borne inférieure et supérieure.