L’Allemagne, première puissance économique européenne et quatrième mondiale, connaît un important ralentissement de sa croissance depuis deux ans, risquant de frôler la récession [i]. Sa croissance a chuté à 0,5 % en 2019, loin de la moyenne qu’elle a connu les cinq années précédentes (environ 2 %). Davantage qu’un simple ralentissement conjoncturel, les causes de cette baisse remettent en question le modèle de croissance allemand, dont les exportations représentent 47% du PIB en 2018 [ii]. Plusieurs facteurs tirent la croissance allemande vers le bas :
Tout d’abord, l’affaiblissement des échanges internationaux diminue le volume des exportations allemandes. Celles-ci sont fortement pénalisées par le ralentissement de la Chine [iii]. Le conflit commercial entre la Chine et les Etats-Unis, respectivement premier et troisième partenaires commerciaux de l’Allemagne, affecte ainsi fortement l’économie outre-Rhin. La conjoncture allemande subit en particulier de plein fouet le repli mondial du secteur automobile. Ce secteur en pleine mutation (motorisation électrique, voiture autonomes, normes européennes anti-pollution…) constitue le moteur de la production industrielle du pays (près de la moitié de son excédent commercial).
Par ailleurs, la pandémie du Covid-19 est en passe d’avoir des répercussions économiques considérables pour le pays, au point que celui-ci craigne de vivre sa plus grande récession depuis sa réunification. Compte tenu des incertitudes pesant sur l’économie mondiale, il est difficile d’estimer quels seront les déterminants et le niveau de la croissance allemande en 2020. Face à cette menace récessive, un soutien massif aux entreprises a été annoncé. Un éventuel plan de relance global est sur la table, dans l’espoir de compenser en interne les difficultés externes qui lui ont fait perdre son statut de locomotive économique européenne.
Vincent Leday
[i] Est considérée comme une récession une contraction du PIB durant deux trimestres consécutifs.
[ii] Selon les données de la Banque mondiale
[iii] Voir l‘éco en graphique sur le ralentissement de la croissance chinoise