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Le Solde Commercial Français (Graphique)

La balance commerciale est un outil comptable qui répertorie et résume les exportations, c’est-à-dire les biens vendus à l’étranger, et les importations, soit les biens étrangers vendus sur le sol domestique. Le solde de la balance commerciale, quant à lui, est la différence entre les exportations et les importations : lorsqu’il est positif alors le pays exporte plus de biens qu’il n’en n’importe, on parle alors d’excédent commercial, tandis qu’un solde négatif indique que le pays importe plus qu’il n’exporte, on parle alors de déficit commercial.

Un déficit commercial peut alors apparaître comme quelque chose de plutôt négatif pour un pays. Tout d’abord, il traduit une dépendance d’un pays par rapport aux autres. C’est particulièrement problématique lorsque les biens importés sont des biens de première nécessité (nourriture, énergie, etc). De plus, cela peut également traduire un manque de compétitivité des entreprises du pays déficitaire. Enfin, les importations et la concurrence étrangère peuvent également contribuer à détruire des emplois et exposer au chômage les travailleurs les moins qualifiés [i]. Pourtant, les déficits commerciaux ne sont pas forcément mauvais puisque le solde commercial est aussi la différence entre l’investissement et l’épargne. Si une économie connaît un déficit commercial, c’est aussi parce qu’elle investit davantage qu’elle n’épargne. Ces investissements peuvent s’avérer particulièrement utiles s’ils sont associés à des gains en matière de productivité ou de qualité des biens produits. De plus, un excédent commercial ne permet pas non plus de caractériser une économie efficiente puisqu’ils peuvent s’expliquer par une demande intérieure faible faisant que les entreprises doivent se tourner vers l’international pour écouler leurs marchandises [ii].

Dans le cas de la France, on observe une dégradation du solde commercial depuis le début des années 2000 puisque celui-ci, initialement à l’équilibre, est en 2020 déficitaire de 64.7 milliards d’euros. Les raisons communément citées pour expliquer la détérioration du solde commercial français sont la désindustrialisation, le manque d’entreprises de taille intermédiaire ou encore la faible compétitivité des entreprises françaises, notamment liée à des coûts salariaux élevés [iii].

Cependant, une partie du déficit du solde commercial est compensée lorsque l’on intègre les services. En effet, on observe depuis ces vingt dernières années un net essor des échanges de services [iv]. Ainsi, en 2020, les services ont engendré un excédent de 16 milliards d’euros. Cet excédent était même de 24 milliards d’euros en 2019, l’année 2020 ayant été marquée par une baisse des exportations liée à la crise économique engendrée par la Covid 19.

Enfin, des déficits persistants de la balance commerciale peuvent s’avérer problématiques pour un pays lorsqu’ils se traduisent par l’accumulation d’une dette vis-à-vis de l’étranger. C’est pourquoi l’analyse du solde commercial doit être complétée par l’analyse de la Position Extérieure Nette (PEN) qui représente le patrimoine ou l’endettement net des Français (des résidents) vis-à-vis du reste du monde. Or, dans le cas de la France, on remarque que si celle-ci à une PEN négative, elle a une position nette positive pour les Investissements Directs à l’Etranger (IDE) et négative pour les investissements de portefeuille et les autres investissements. Ainsi, la France est un pays qui investit à l’étranger sous la forme d’IDE particulièrement rémunérateurs et se finance sous la forme de prêts ou de titres de dette à faible taux d’intérêts. La France dégage donc un solde des revenus positifs qui lui permet de compenser en partie le déficit commercial faisant que Vincent Vicard, économiste au CEPII, s’interroge ainsi sur un potentiel “privilège exorbitant” de la France [v].

Les excédents dégagés par les échanges de services ainsi que par les revenus compensent en partie le déficit commercial, ainsi la France enregistre un déficit des transactions courantes de 7.1 milliards d’euros, soit un déficit de 0.3 % du PIB [vi].

Raphael Martin

 

Références :

[i]  « Toutefois, l’ouverture aux échanges peut ne pas être profitable à tous les agents économiques au sein d’un même pays. En effet, la spécialisation dans les secteurs à plus forte valeur ajoutée dans le pays développé peut modifier la structure de la demande de travail des entreprises en faveur des travailleurs les plus qualifiés. Cela peut se traduire par un accroissement des inégalités salariales entre les deux catégories de main d’œuvre si les salaires sont flexibles, ou à la hausse du chômage des employés non qualifiés en cas de rigidités salariales. Ces effets se verraient en outre renforcés si la concurrence internationale induite par la mondialisation incitait les entreprises du pays développé à développer un progrès technique biaisé en faveur du travail qualifié. », Conseil d’orientation pour l’emploi, janvier 2008.

[ii] Comment expliquer le niveau élevé de l’excédent courant allemand ?, DGTrésor, Trésor-Eco n°209, novembre 2017

[iii] Balance commerciale et balance des paiements

[iv] Vingt ans d’essor des échanges de services de la France, Bulletin de la Banque de France n°236/1, juillet-août 2021.

[v] La France de plus en plus proche du « privilège exorbitant », Le Blog du CEPII, 15 juillet 2019.

[vi] La balance des paiements et la position extérieure de la France, rapport annuel 2020, Banque de France, 2021

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