Afin de limiter le réchauffement climatique à moins de 2°C à l’horizon 2100, le GIEC préconise de diminuer drastiquement les émissions de gaz à effet de serre (GES) au niveau mondial. Le graphique ci-dessus nous permet d’appréhender l’ampleur des émissions de GES par habitant en France depuis 1995, mais aussi « l’empreinte carbone » moyenne qui mesure la quantité de GES émis pour produire ce qu’un habitant consomme.
Étant donné qu’il existe un grand nombre de GES aux effets différents sur le réchauffement, on agrège les émissions en prenant en compte leur pouvoir de réchauffement global (ici à 100 ans) [i]. Il permet de convertir les GES en équivalent CO2 (dioxyde de carbone).
On remarque que depuis 1995, les émissions des principaux [ii] GES en France (dont celles liées aux exportations) ont diminué de 25 % (elles sont passé de 9 à 6.7 millions de tonnes d’équivalent CO2 entre 1995 et 2017). Cette tendance peut notamment être expliquée par la baisse du recours au pétrôle et au charbon dans le mix énergétique depuis les années 1970 [iii].
En ne considérant que cette statistique, on pourrait penser qu’un français en moyenne diminue son impact sur le réchauffement climatique depuis 1995. Pourtant, la mesure de l’empreinte carbone nous donne un résultat contraire : elle a augmenté de 6 % depuis 1995, passant de 10,5 à 11,2 millions de tonnes équivalent CO2.
Comment l’empreinte carbone a-t-elle pu augmenter alors que les émissions nationales ont diminué de 25 % ?
Ce résultat est dû à la forte augmentation des émissions liées aux importations (+70 % depuis 1995). Ces émissions concernent les produits importés consommés en France, de leur production à leur transport. Les délocalisations industrielles tendent ainsi à augmenter les émissions importées. La part de ces émissions dans l’empreinte carbone totale est ainsi passée de 34 % en 1995 à 56 % en 2017.
Pour lutter contre le réchauffement climatique, il convient donc non seulement de réduire les émissions nationales directes, mais aussi les émissions étrangères destinées à la consommation française. Si la Stratégie Nationale Bas Carbone (SNBC) [iv] propose de diminuer l’empreinte carbone des Français, elle ne se donne pourtant pas d’objectif chiffré sur cet indicateur fondamental [v]. En revanche, elle propose de mettre en place des instruments pour diminuer les émissions liées à l’importation, notamment la mise en place de normes internationales, d’une tarification du carbone, et d’une relocalisation de certaines activités.
Grégoire Sempé
[i] Voir Citepa : https://www.citepa.org/fr/ges/
[ii] Les GES considérés ici sont les trois principaux selon l’INSEE, soient le CO2 (dioxyde de carbone), le méthane (CH4) et le protoxyde d’azote (N2O)
[iii] Voir Citepa pour une analyse plus profonde de l’évolution des émissions de GES : https://www.citepa.org/fr/2019-co2e/
[iv] Votée en 2015, la SNBC est la feuille de route de la France pour atteindre la neutralité carbone en 2050. Voir : https://www.ecologique-solidaire.gouv.fr/strategie-nationale-bas-carbone-snbc
[v] Voir la synthèse du Ministère de la transition écologique et solidaire sur la SNBC : https://www.ecologique- solidaire.gouv.fr/sites/default/files/SNBC-2%20synthe%CC%80se%20VF.pdf